PORTRAIT : Sébastien, capitaine sur un Ferretti Yachts 920

SEBASTIEN MERELLI, Capitaine de yacht | @abysyachting
Découvrez le portrait de Sébastien Merelli, capitaine de yacht à bord d’un Ferretti Yachts 920. À travers les différents aspects de son métier, il nous partage son quotidien. Une vraie passion.
Le yachting est un domaine fascinant dont on n’a pas toujours la possibilité d’en voir toutes les facettes. Quand on loue un bateau, c’est toute une équipe qui œuvre en coulisse pour garantir votre bien-être à bord. Entre polyvalence, gestion des imprévus et compétences relationnelles, son rôle dépasse largement la simple navigation.
En quoi consiste globalement votre métier de capitaine ?
C’est une profession qui comporte énormément de fonctions. Pour commencer, il faut prendre soin du bateau et de son matériel, autrement dit, de l’investissement d’un propriétaire, afin qu’il ne perde pas de sa valeur. Cela engage à réaliser les petites maintenances, à veiller à ce que le matériel soit utilisé conformément aux manuels d’utilisation des équipements. Mais aussi, de s’assurer de leur entretien et de leur bon état de fonctionnement.
L’important, c’est que rien ne vieillisse prématurément, ni surfaces, ni équipement. Le bateau doit être constamment irréprochable et en état, dans l’intérêt du propriétaire. C’est la chose la plus importante.
Par ailleurs, j’organise aussi la vie à bord, notamment en encadrant l’équipage dont je réalise les entretiens, après avoir soumis les candidatures à ABYS Yachting.
Quelles SONT LES OBLIGATIONS à BORD ?
Être capitaine, c’est avoir la capacité d’assurer la bonne marche du navire en navigation ainsi que la sécurité, tant au niveau des biens que des personnes à bord. Pour cela, il faut veiller au bon fonctionnement des radeaux de survie, des extincteurs, les pompes de cale, les gilets de sauvetage… Des tâches qui impliquent d’effectuer les révisions du matériel régulièrement et de tenir le journal de bord, sans oublier les documents importants : assurance, certificat d’exemption sanitaire, certificat de radiocommunication…
La partie croisière, quant à elle, consiste à gérer le parcours du client : lui proposer un itinéraire qu’il faut adapter en fonction de la météo, réserver les places de port, ne jamais passer outre l’approvisionnement du bateau pour proposer un service complet à bord (paddle, masques & tubas, jet-ski…) pour les activités nautiques.
Quelles études avez-vous fait pour arriver à ce poste, quel est votre parcours ?
Même si j’ai passé un BAC Général, cela n’a pas été décisif dans mon orientation, puisque j’ai choisi d’intégrer le lycée de la mer de Sète par la suite. S’en sont suivis un BPPV (Brevet de Patron Plaisance Voile), puis les diplômes « Capitaine 200 voile », « Capitaine 200 yacht » et enfin « Capitaine 500 (voile et yacht) ». Mais au final, ce qui compte le plus, c’est encore l’expérience de la mer.
Quelles compétences sont requises pour exercer votre métier, et à quels défis êtes-vous confronté ?
Avoir une bonne expérience maritime est bien sûr nécessaire, tout comme de bonnes connaissances techniques. Mais la patience et une bonne communication priment pour entretenir un bon relationnel. En effet, les relations humaines sont l’un des principaux défis que l’on rencontre dans ce métier. Cela demande de l’adaptation, notamment pour désamorcer des tensions potentielles, mais aussi, pour s’ajuster aux modes de vie des clients. Être confronté à énormément de nationalités, c’est aussi être confronté à différentes cultures et habitudes.
Aimer être en mer et aimer les bateaux est nécessaire, mais cela veut aussi dire savoir vivre en promiscuité et être suffisamment stable mentalement pour pouvoir le faire. Le plus grand défi est de faire apprécier la croisière, puisque cela implique de faire les bons choix, comme pour les itinéraires par exemple.
pouvez-vous nous décrire une journée type en charter ?
Le réveil de l’équipage se fait aux alentours de 7h. Je commence par consulter la météo, avant de me rendre à la capitainerie pour effectuer les formalités de départ, comme le règlement de la place de port. J’informe ensuite l’équipage du programme de la journée : lieu de mouillage, heure de départ / d’arrivée et prochain port pour la nuit. Une fois ce briefing fait, j’en discute avec les clients afin d’adapter l’organisation selon leurs envies. Je prépare ensuite la navigation et l’itinéraire, puis supervise le départ du port depuis la timonerie.
En cours de journée, je peux assister les clients dans leurs activités nautiques, comme le paddle. En fin de croisière, je gère le retour vers le port réservé à l’avance, ce qui implique le départ du mouillage, l’appel au port pour obtenir l’autorisation d’entrée et la coordination des manœuvres avec l’équipage. Une fois à quai, je m’assure que le bateau est correctement amarré et branché, puis je procède au plein d’eau et au rinçage du yacht.
quels sont pour vous les avantages et inconvénients de ce métier ?
Le sourire des clients… Voir des gens heureux de naviguer à bord avec l’équipage, est pour moi, synonyme de leur satisfaction par rapport à ce qu’on a pu leur offrir. Cela reste l’un des aspects les plus gratifiants dans ce métier. Ce qui me motive avant tout, c’est l’objectif de vivre une aventure commune, avec les clients comme avec l’équipage.
Malgré tous ces bons côtés, les contraintes de ce métier sont non négligeables. Elles impliquent l’éloignement de sa famille, de ses amis, du fait de partir en mer. Les horaires sont contraignants et vivre à bord l’est aussi puisque cela supprime les week-end et les jours fériés. Lors de la saison, c’est malheureusement une absence totale de vie personnelle.
Comment votre profession évolue-t-elle par rapport aux avancées technologiques ?
Au fil du temps, l’électronique prend de plus en plus de place. Cela peut-être un peu dérangeant parfois, mais il offre aussi plus d’aides à la navigation. Pour autant, je ne pense pas que le métier de capitaine pourra être remplacé, parce que c’est avant tout un métier de service, profondément humain.


Pouvez-vous nous raconter une anecdote sur votre métier ?
Avec 22 ans d’expérience, j’ai vu de tout : des trombes, des dauphins, des cétacés, des avaries… Le yachting est un domaine qui donne tellement de choses à raconter !
Mais s’il fallait en choisir une… J’ai le souvenir que je travaillais sur un catamaran catana 582 avec lequel je faisais la traversée jusqu’aux Seychelles. Entre la Somalie et l’île de Socotra, nous avons croisé une embarcation, de nuit. Il y avait des gens dedans et nous avons eu peur que ce soient des pirates. Plus je tentais de dévier de leur trajectoire, plus la barque semblait nous suivre. L’équipage et moi avons sorti les feux de détresse pour se défendre, et les torches : si c’était des pirates, ils étaient armés et ils n’auraient pas besoin de trop d’efforts pour venir à bout de notre embarcation. La barque est passée à deux mètres du bateau… Sans s’arrêter. Qu’est-ce que nous avons eu peur cette nuit-là !
Merci à Sébastien de nous avoir livré son témoignage. Partagez cet article sur les réseaux si cela vous a plu !
Réalisé par Zoé Merelli, fille du capitaine et stagiaire à ABYS Yachting.